Carnet

 

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30/06/2007

Il y a là, en face, ta vie future, plus haute qu'un gratte-ciel, qui avance comme un rouleau compresseur et qui va dans quelques secondes t'atteindre et te broyer, et il y a toi, dont l'effort de pensée est si profond, et dont la détermination est si grande, que tu peux d'un clignement des yeux arrêter le soleil en plein ciel.

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Boutade : si elle recevait un euro à chaque fois que je pense à elle, elle deviendrait milliardaire.

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« Aux trépassés je fais ce lais / Et icelui le communique / A régents, cours, sièges, palais » (François Villon).

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Je fais partie des hommes volants.

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29/06/2007

« Alors, tu verras et tu seras radieuse, ton coeur tressaillira et se dilatera, car les richesses de la mer afflueront vers toi, et les trésors des nations viendront chez toi » (Livre d'Isaïe).

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Expression : « c'est une bombe à mèche lente » (c'est un processus invisible).

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Idée de texte : la prairie commence à onduler doucement, ses petites fleurs multicolores montent puis redescendent et soudainement le sol semble s'envoler : je comprends que je me tiens dans un champ de papillons; ils sont blancs, jaunes, orangés, et ils m'entourent comme pour m'escorter.

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Tu m'as apprivoisé.

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28/06/2007

Je vais vider l'océan, en le buvant d'une seule gorgée.

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Vous êtes né ? d'accord, alors sachez que vous vous trouvez au volant d'un modèle de voiture un peu spécial : il n'y a pas de marche arrière; il n'y a pas non plus de freins.

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« Un coup frappé à l'improviste permettra de jauger l'intention de l'adversaire » (Les Trente-Six Stratagèmes).

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Le but à atteindre est tellement lointain, et plus j'avance plus il semble s'éloigner, qu'à la fin je suis persuadé que je marche à reculons.

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Dors bien. Que les dieux t'accordent une pluie de rêves !

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27/06/2007

Il triche, il permute des pièces du puzzle, il ne respecte pas les règles de la réalité, il se prend pour un dieu.

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Nous allons lever la malédiction.

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Dialogue (entendu à la télévision) :
« — Quelle est pour vous la phrase la plus érotique qu'une inconnue puisse dire à un homme ?
—  J'aime tout faire ».

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Pour la première fois de ma vie, je ne sais pas ce que contient mon avenir, ce que je ferai demain, après-demain; le futur est devenu une mer étale, un désert silencieux; je me tiens sur le rebord, face au vide, et j'attends, patiemment, le passage du trapèze volant.

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26/06/2007

Je joue à saute-mouton avec la vie.

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Plus je deviens doué, plus je me découvre des ennemis, c'est enivrant, être jalousé, détesté, calomnié : les premiers pas de la célébrité.

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Je lève les yeux au ciel et l'azur m'enveloppe, et c'est comme si je me plongeais dans les yeux de l'absente.

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À ce rythme-là de vie, d'écriture, de bagarre par l'écrit contre les éléments, je mourrai épuisé avant quarante-deux ans.

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« Quand tu auras vu le feu sacrosaint briller sans forme, en bondissant, dans les abîmes du monde entier, écoute la voix du feu » (Oracles Chaldaïques).

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25/06/2007

Chaque journée doit être un chèque en blanc : tu inscris le chiffre de ton choix. N'oublie jamais : ce monde a été créé pour toi (tes parents ont créé le monde pour toi)

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Est-ce que je pense encore à elle ? oui : à l'heure qu'il est, mon cerveau reste complètement inondé.

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Toutes vos prières vont dans le même sens (et vous savez que votre dieu est puissant).

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Souvent, la nuit, je trinque avec Marcel Proust et le duc de Saint-Simon, de sacrés boute-en-train, buveurs, coureurs, et fortes gueules.

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Le vent se lève sur le champ d'herbes hautes, emporte deux ou trois pétales de coquelicot dans son caprice.

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24/06/2007

« Quand il fait clair dans notre esprit, il y fait beau » (Joubert).

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Tu trouveras des alliés là où tu t'y attendais le moins, des agents doubles cachés dans le placard qui sortent soudain exprès pour toi et te donnent la combinaison du coffre au moment décisif.

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Les deux coeurs battent en rythme, ils sont synchrones.

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Le matin au réveil, c'est comme si mon corps avait été restauré intégralement pendant la nuit, comme si je retrouvais les os de mes seize ans. Les rayons nocturnes m'ont irradié et métamorphosé.

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23/06/2007

Toutes les lettres se prennent par la main et se mettent à danser en cercle devant nous.

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Créer une "machine de paix" comme il existe des "machines de guerre".

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Ils n'ont pas peur; pourtant ils naviguent au-dessus des hauts-fonds.

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Je veux pouvoir te rembourser un jour.

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22/06/2007

À présent, quand je parle, je n'entends même plus le son de ma voix.

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Sur le champ de bataille, les forces en présence sont colossales.

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« Les sentiments ne connaissent pas l'ordre de leur marche. L'analyse des sentiments apprend à le faire connaître, augmente la vigueur des sentiments » (Lautréamont).

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Un être monstrueux, mi-ours mi-homme, se dresse soudain au milieu de l'escalier, et de sa patte il lacère la poitrine du héros qui crie et sort immédiatement de son rêve. Il tremble comme s'il était en papier.

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21/06/2007

« Heureuse ou malheureuse, je vous suis attaché jusqu'au tombeau » (Diderot, Lettres à Sophie Volland).

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Avec elle, j'ai trouvé mon miroir.

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Entendu dans une conversation : « Ils se mangent les uns les autres ».

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Joyeux comme l'eau du torrent.

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Je suis obligé de façonner à mains nues une clé que j'introduirai bientôt dans la serrure de la porte de ma prison. Mes ennemis sont les plus puissantes forces de l'Univers.

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20/06/2007

J'ai l'impression d'avoir été démonté pièce par pièce : chacun de mes os a été ôté, dépoussiéré et remis à sa place, et de même pour chacun de mes muscles, chacune de mes veines, chaque cellule de mon corps a été séparée de l'esprit, et vérifiée, avant d'être réintégrée dans l'ensemble. J'ai subi un grand nettoyage.

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Elle a une vue perçante : ses yeux font des trous dans les hommes.

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Un écrivain est prêt à faire à peu près n'importe quoi si ça lui donne ensuite une histoire à raconter.

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Doux sera le jour où vous tomberez de sommeil.

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Tu vivras trois cents ans.

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19/06/2007

Nous pouvons à présent changer la couleur des objets, des maisons, des arbustes, des voitures, en les touchant simplement avec l'extrémité du doigt. Nous avons le pouvoir de mutation, nous repeignons ce globe à volonté.

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Les lettres des deux noms entrelacées, comme les mailles d'un immense filet de pêche lancé vers le ciel.

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« Le filet du ciel est grand; bien que ses mailles soient lâches, rien n'en échappe » (Laozi).

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Une fois que les choses ont été écrites par le grand auteur dans le grand livre, elles surviennent.

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Pendant mon sommeil, une petite bougie reste allumée dans le noir, un mètre au-dessus du sol, à la verticale exacte de mon front.

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18/06/2007

Vous devez être le centre du cercle le plus vaste de l'univers, en un mot : du cercle vous devez apercevoir le centre, puis le rejoindre et vous y maintenir malgré tous les courants contraires.

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« — Ile des doux secrets et des fêtes du coeur ! » (Baudelaire).

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Il entend dans sa tête des bruits bizarres, forts et clairs, de plancher qui grince et de meubles qu'on traîne.

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Mon coeur s'use, je le sens. De plus en plus souvent, il me demande grâce.

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17/06/2007

Tu hésites ? écoute tes mots. Tous les êtres humains, ta famille, tes amis, tes relations, peuvent se tromper dans leurs conseils, mais tes mots, eux, savent ce qui est juste pour toi : examine ce que tu écris.

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Entendu à la télévision : « Les scientifiques qui ont conçu ça ne voient jamais le soleil » (ils travaillent d'arrache-pied).

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Je vais bientôt refermer le monde, comme on referme un livre.

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16/06/2007

Je ne sais pas si j'aurai assez de temps.

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Tu es dans l'obligation de déplacer une montagne et tu dois le faire en une poignée d'années, et tout seul évidemment, juste toi et toi.

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Jadis, dans ma jeunesse : centaines d'heures perdues dans des soirées entouré d'imbéciles.

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Plus elle te parle, plus elle est belle.

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15/06/2007

« L'île flottait; alentour s'élevaient un mur de bronze infranchissable et des à-pics de pierre nue » (Homère Odyssée).

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Je suis une île, tu es une île, nous sommes deux îles séparées par les flots d'une mer aux profondeurs abyssales.

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Rien ou presque ne m'est plus doux que le sommeil. Je voudrais dormir toute la vie.

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14/06/2007

L'océan a traversé la forêt, il a inondé toutes les terres depuis la côte et il est venu jusqu'à moi, au pied de ma maison, sous ma fenêtre, et ses vagues claquaient contre ma porte pour m'avertir qu'il était là et qu'il m'attendait. L'océan, oui, l'océan !

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Tu bénéficies momentanément de la bienveillance du ciel. Goûtes le bonheur.

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Tout ce que vous n'aurez pas donné aux autres aura été perdu.

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« Je n'ai pas besoin de m'occuper de ce que je ferai plus tard. Je devais faire ce que je fais » (Lautréamont).

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13/06/2007

Je suis en train de désamorcer une bombe : moi-même.

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Expression : ce type n'est pas né de la dernière pluie (ce type n'est pas un naïf).

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Je cours encore plus vite que les trains à grande vitesse.

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« Et tant de clarté ne pourra éblouir; / car les organes du corps seront forts / pour tout ce qui pourra faire notre joie » (Dante, Paradiso).

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Tu sais toi aussi que tu es une légende.

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12/06/2007

Tous le vivent mais personne ou presque ne l'écrit, ils ne savent pas où ils se trouvent, ils ont perdu leur langue, ces couples sont incapables de parler du pays merveilleux. Imaginez un peu si la Bible n'avait jamais été écrite : alors jamais personne n'aurait su que Dieu avait établi une Alliance.

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Boutade : j'écris au stylo et pas au clavier d'ordinateur, je préfère, question de sensations, écrire au clavier c'est comme faire l'amour tout habillé.

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Pourquoi l'existence de certaines personnes est si forte ? parce qu'elle est comme déjà écrite, et écrite dans une langue magnifique, une langue magique qu'on appelle poésie.

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De la nitroglycérine dans un shaker.

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« Une chose apparaîtra qui recouvrira la personne qui cherche à la couvrir » (Prophéties de Léonard de Vinci).

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11/06/2007

Allons goûter la douce brise de cette nuit d'été.

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Entendu à la télévision : « Je veux la preuve qu'il est celui qu'il prétend être ».

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Vous voilà un écrivain, autant dire une usine à phrases, un moteur dont le carburant est votre vie, consciente et inconsciente, jour et nuit, de la naissance jusqu'à la mort. Vous écrivez comme vous respirez.

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10/06/2007

« Ces yeux ne t'appartiennent pas... où les as-tu pris ? » (Lautréamont).

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Le soleil continue de se lever chaque matin, quoi qu'il vous soit arrivé; votre vie, il s'en moque.

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Je prends tellement, j'absorbe une si grande quantité de choses, des bonheurs, des malheurs, des révélations, des précisions, que je voudrais pouvoir donner en retour, peut-être pas autant parce que c'est impossible, mais au moins une partie. Il va bien falloir à un moment ou à un autre rééquilibrer l'échange entre elle et moi.

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09/06/2007

Je cours depuis l'âge de quinze ans, même pendant mon sommeil je continue de courir, ça ne me gêne pas, c'est devenu une habitude, mes jambes vont et viennent aussi naturellement que mon coeur bat.

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Prends soin de toi.

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Mon péché mignon ? surestimation de soi.

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Dans le rêve, elle lui pose un baiser sur chacune de ses oreilles.

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08/06/2007

Tu m'as rendu la liberté.

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Entendu dans une conversation : un écrivain hésitant qui se demande : « Où suis-je chez moi ? même dans ma maison je ne suis pas chez moi, je ne parviens pas à savoir où je suis chez moi ». Pour ma part, je sais où je suis chez moi : à l'intérieur des paysages, des villes, des maisons qui peuplent mes textes; je suis chez moi à l'intérieur de mes livres.

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Mon histoire, c'est celle d'un astronaute que ses collègues ont oublié sur la Lune et qui est obligé de faire le trajet du retour à pied.

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07/06/2007

Je ne mourrai jamais (je peux le prouver).

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Il existe, au moins conceptuellement, une matière qu'aucune autre matière ne peut entamer; c'est dans cette sorte de première matière que tu dois être fait : rien ne doit pouvoir porter atteinte à ton corps ou à ton coeur.

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« Plus fait douceur que violence » (La Fontaine, Phébus et Borée).

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06/06/2007

Tu regardes le monde de face et tu traverses chaque être humain un par un comme une aiguille traverserait une feuille, et tous te le reprochent, tous te regardent à leur tour, furieux, et ils crient contre toi.

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Cupidon décoche près de dix mille flèches à la seconde depuis des mois, mais elle, majestueuse, pivote sans cesse son bouclier et parvient facilement à toutes les éviter.

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Hölderlin : « Là où est le péril, là aussi croît ce qui sauve ». Mis à l'envers : là où est ce qui sauve, là aussi croît le péril.

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Je ne devrais pas faire tout ça, je sais que je me fais souffrir, mais la curiosité est si grande, j'ai tellement envie d'en savoir plus, tellement envie de toucher du doigt les étoiles. Le papillon fasciné se rapproche toujours plus près de la flamme.

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05/06/2007

Jour et nuit, en tous lieux, un rayon invisible descend du ciel et lui accorde la protection.

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« Bon jour mon coeur, bon jour ma douce vie, / Bon jour mon oeil, bon jour ma chère amie ! » (Ronsard).

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Et pourtant dans ma vie tout n'est pas idéal.

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Il déroule un interminable ruban de papier qui contient une liste plutôt longue de problèmes à régler, et au fur et à mesure qu'ils le sont, il raye chaque ligne d'un trait horizontal de stylo bleu.

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04/06/2007

Autrefois, le Sahara était un océan. Je suis un navire échoué en plein Sahara.

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Tu essaieras sans relâche, sans jamais te lasser, parce que tu sais que c'est elle ta voie.

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03/06/2007

J'ai été obligé de raser tout ce qui existait à la surface du globe et de reconstruire ensuite à l'identique toutes les villes, pierre par pierre, de pétrir également six milliards d'êtres humains un par un, pour remettre en place un monde nouveau dans lequel, enfin, j'avais une place, cette place-là, celle d'un être humain intégralement vivant, qui respire et qui marche.

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It's worth it. Ça vaut le coup.

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Jamais je ne t'oublierai. Je n'ai jamais oublié personne. Vingt ans plus tard, je suis encore capable de donner tous les noms, tous les prénoms.

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02/06/2007

Immense éclaircie dans le ciel à l'intérieur de mon crâne : les nuages noirs s'écartent rapidement et le double éclat du bleu et du feu s'installe en plein milieu.

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La plupart des gens n'ont jamais pris la peine d'apprendre à écrire alors que l'avenir du monde est entre les mains de ceux qui savent écrire, les avocats, les juges, les romanciers, les poètes.

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Bouton d'or, coquelicot, myosotis, edelweiss, toutes les fleurs à la fois.

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De temps en temps, malgré tout, on a la possibilité de s'asseoir dans l'herbe sur le bas-côté de la route pour souffler cinq minutes.

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01/06/2007

Non, les autres n'y sont pour rien; le fou, c'est moi.

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Tu vis dans un faux monde, une forêt d'illusions, je connais tout cela, j'y ai déjà vécu.

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Elle l'a soulevé comme une plume puis elle l'a hissé plus haut dans le ciel qu'aucun homme ne s'est jamais trouvé, et alors elle l'a laissé là tout seul, pendu par les épaules, avec six ou sept kilomètres de vide sous les pieds.

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31/05/2007

Chaque fois que vous croyez être seul, je suis là non loin qui pense à vous et qui vous aime pour ce que vous êtes, pour ce que vous pourriez être, pour ce que vous devriez être.

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Hasard des dates : en mai 1867, Isidore Ducasse s'embarque à Bordeaux dans un navire pour Montévidéo.

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« Un écrivain, c'est quelqu'un qui sait lire parce qu'il sait écrire [et inversement] » (Marcelin Pleynet, conférence à Bordeaux, 30/05/2007).

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Nous étions faits l'un pour l'autre, mais en haut lieu il a été décidé que ça ne se ferait pas. Votre mission, si vous l'acceptez, va consister à outrepasser les ordres et balayer les dernières résistances. Vous avez crédit illimité.

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30/05/2007

« Un ver dans une figue, / la figue est tout son univers. / Combien de figues sur un arbre ? / Combien d'arbres sur les neufs continents ? » (Toukârâm).

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Take me with you.

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Je vis chaque jour dans cette ville comme si elle n'était pas réelle, comme si Bordeaux était le décor idéal d'un rêve merveilleux, comme si j'étais déjà mort et déjà arrivé au paradis.

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Les phrases que l'un commence sont terminées par l'autre, et inversement.

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29/05/2007

Je suis un demi-fou. J'ai été élu président de la République française le 6 mai 2007. Qui aurait pu le prévoir ?

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Tu dois te concentrer davantage. Tu dois travailler davantage. Tu dois dormir plus longtemps. Elle s'ouvrira ensuite d'elle-même toute grande, l'issue par laquelle tu pourras t'échapper.

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Il y a, dans le décor général, plusieurs détails qui clochent, à tel point qu'au bout de quelques jours il voit s'allumer dans son esprit une multitude de voyants rouges qui signifient chacun "anomalie".

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Nous sommes des enfants qui le soir venu se sont laissés enfermer dans le magasin de jouets.

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Vous jouez votre vie à pile ou face, pourtant aucun souci : vous utilisez une pièce truquée, ses deux faces sont identiques.

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Ils comprennent qu'ils sont en train de se noyer mais ils gardent leur calme et mettent en pratique le savoir qu'ils possèdent et qui est si grand que rapidement des branchies poussent sur leurs flancs.

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28/05/2007

Que faudrait-il pour que tu trouves le bonheur ? dis-moi et je claquerai des doigts.

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« Le soliloque c'est tout ce qui me reste et je sais que c'est déjà beaucoup » (Chloé Delaume).

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Douce comme le vent.

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27/05/2007

Je ne réussirai jamais, je mourrai prostré dans la même position face à la vie; les mois courent comme des secondes, une année s'écoule en un souffle, et moi je suis si lent, je mets tellement longtemps à comprendre le fonctionnement de ce monde.

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Expression : « Dommage, petit fromage ! ».

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Tu es analphabète, tu es une ignorante de toi-même, et c'est à moi de t'apprendre quelle merveille tu renfermes.

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Comme une fleur qui serait éternelle, ne fanant jamais, se fermant le soir, se réouvrant le matin.

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26/05/2007

Tu n'es pas dans la vraie vie quand tu agis comme ça; alors qu'à l'inverse, quand tu écris, tu sens battre ton coeur en accord avec lui-même, tu le sais bien. Vis aussi intensément que tu écris et tu verras : tout ira mieux.

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Expression : « ce type est dévissé » (ce type est fou).

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Nous allons sortir du puits ensemble, nous allons retrouver la lumière la main dans la main.

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Autant parler à quelqu'un d'aveugle et sourd, même cette table est plus émue par mes paroles.

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25/05/2007

Je crois que la Littérature a jeté sur moi une malédiction que même Dieu ne peut pas lever.

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« Entouré de ses jouets, l'enfant oublie et la faim et la douleur physique.
L'Être de réalisation, affranchi des notions de "moi" et de "mien" prend son seul plaisir dans la Réalité : il connaît le véritable bonheur ! » (Le plus beau fleuron de la discrimination).

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Chaque fois que la vie est devenue insupportable, je me suis assis et j'ai écrit au fil de l'eau la vie rêvée, et immédiatement je suis devenu heureux.

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Idée de texte : je me perche devant l'horloge astronomique, je saisis la petite aiguille dans ma main gauche et la grande aiguille dans ma main droite, puis je me mets à tirer de toutes mes forces pour les écarter. Sous moi : le vide, et au-dessus de moi : le toit et le ciel.

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24/05/2007

C'était une époque — nous étions jeunes — où nous ne nous posions pas de questions, nous couchions avec toutes les filles, qui ne demandaient que cela, nous buvions sans cesse, nous ne lisions jamais, nous ne pensions jamais, nous ne savions même pas quel objet on appelle une horloge.

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Il chuchote sans relâche son prénom dans le noir pour que ce son, par-delà les distances, la réveille et l'attire jusqu'à lui comme hypnotisée.

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« Celui qui ne se marie pas n'est pas un être humain » (quelque part dans le Talmud).

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23/05/2007

Je me suis mis en chasse de la mauvaise fée qui s'est jadis penchée au-dessus de son berceau et a entravé les délicieux prodiges créés par les bonnes fées qui l'avaient précédée. Cela prendra le temps qu'il faudra, mais je la retrouverai, et je la traînerai jusqu'ici, où je la forcerai à rétablir la vérité et restaurer le génie dans ses droits avec le corps plein qu'il mérite.

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Vous êtes vivants parce que certaines autres personnes le sont, c'est tout.

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« Oh ! vous ne saurez jamais comme de tenir constamment les rênes de l'univers devient une chose difficile ! » (Lautréamont).

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Nous sommes à la fois les passagers d'un bobsleigh lancé à toute allure dans le couloir glacé, et la coque constituante de ce bobsleigh.

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22/05/2007

Personne ne voit le signe qui a été tracé sur mon front, mais je sais qu'il est là et qu'il me retient à l'extérieur de la réalité.

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J'ai eu l'impression que le monde s'arrêtait, que tous les objets se figeaient et toutes les personnes se statufiaient, toutes sauf une qui continuait de bouger et d'aller et venir comme si de rien n'était. Même les feuilles des arbres ne remuaient plus.

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Expression : « si ça vous chante » (si vous voulez).

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21/05/2007

Dans le rêve, elle m'embrasse sur le front en disant que tout ce que je pense est béni.

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Dialogue (entendu à la télévision) :
—  Je sais ce que je fais.
—  Dieu lui-même ne sait pas ce que tu fais.

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« Que la force soit avec toi » — « Prends garde au côté obscur de la force » — Toutes ces conneries de mauvaise science-fiction qui en réalité ne voulaient dire qu'une seule chose : deviens ce que tu es. J'avais dix ans.

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Je vais changer ta vie, sais-tu.

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20/05/2007

Je suis quelqu'un dont les problèmes sont tels que lorsqu'il cherche à les résoudre il modifie la réalité terrestre elle-même, comme un personnage qui serait agrafé aux murs, aux arbres de la forêt, aux montagnes, aux nuages du ciel, et qui en s'extirpant de cette prison finissait par tout emmener avec lui, embarquait le monde en même temps, froissait et arrachait le présent. Désolé pour tous ceux qui ont subi des désagréments, je ne savais pas ce que je faisais.

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Tu me regardes comme si j'étais incapable de te sauver, et pourtant je suis celui qui va te sauver.

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« En vivant, on apprend à lire » (Joseph Joubert).

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19/05/2007

Finalement, je n'aurai rien obtenu dans cette vie. Rien, si ce n'est ce que j'ai écrit moi-même. Il faut décidément toujours tout faire soi-même.

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« Qu'à jamais je loge sous ta tente et m'abrite au couvert de tes ailes » (Psaumes).

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Une nuit, de rage il se met à crier si fort que tout ce qui existe sur Terre tremble, que les édifices les moins solides sont balayés, que les arbres ploient, et que les murailles de pierre sont instantanément réduites en poudre.

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18/05/2007

J'étais attiré comme la limaille par l'aimant, j'avais beau freiner des quatre fers, je voyais bien que je continuais de glisser lentement vers ce destin-là.

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Une femme sensée fait les choses dans le bon ordre : elle couche d'abord, elle se pose les questions métaphysiques plus tard (voir Thérèse philosophe).

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À partir de cette seconde, vous êtes libre, la porte va rester ouverte, vous pouvez aller librement où vous voulez.

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17/05/2007

Proverbe : « Ce qui est pris n'est plus à prendre ».

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Jamais je n'atteindrai mon but, j'éclaterai comme une bulle de savon un beau matin, et rien ne semblera être arrivé, tout le monde m'aura oublié, pas une seule personne à mon enterrement excepté moi.

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Donne-moi la main, on s'envole, on quitte ce monde de nazes.

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16/05/2007

Tellement heureux. Mes pieds ne touchent plus terre.

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Tu nages dans une eau de velours, au milieu d'un océan de femmes, soie chaude de la peau, vaguelettes des longues chevelures.

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Entendu à la télévision : « Si la foule s'agite, vous en zigouillez un ou deux pour donner le ton ».

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Eh bien ! dansons maintenant.

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15/05/2007

Il est hors de question que les choses se passent ainsi. Je vais récrire le monde et il sera dorénavant gouverné par mes règles.

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« Tant il est vrai que de tout corps toujours s'écoule / un flux qui se disperse en tous sens et partout, / sans trêve ni repos, intarissable effluve » (Lucrèce).

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Je basculerai peut-être un jour dans la folie.

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14/05/2007

Sois lucide : ils attendent tous ta mort.

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Accroître le nombre de ses alliés, accroître la surface de son territoire; voilà les deux méthodes pour se protéger.

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Telle la giroflée, aux pétales froissés, avec ses couleurs si vives pourtant, et qui pousse entre les pierres. Cabossée par le sort, mais perçant le roc.

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13/05/2007

Le cerveau est un lieu bizarre dans lequel les portes peuvent être ouvertes ou fermées. Nous allons refermer les portes qui n'auraient jamais dû rester ouvertes. Tout va rentrer dans l'ordre. Laisse-moi te guider, tout ira bien. Demain est ensoleillé.

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« Pareille au faon qui cherche sa mère craintive dans les détours des montagnes et que troublent d'une frayeur vaine les brises et la forêt » (Horace).

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La route sera longue, mais c'est une ligne droite et à son extrémité la ville est là, et dans cette ville il y a ma maison. Rien à craindre, elle ne s'envolera pas.

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12/05/2007

Nous ne vivons que quelques heures, matin, midi et soir : à peine le temps d'une rose.

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Personne n'a voulu publier La planète Mars ? faisons table rase et écrivons La planète Marc.

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Idée de texte : l'homme est paralysé, tellement terrifié qu'il tient tout juste debout, il avance à pas lourds comme un géant, au milieu de la rue en pente dans son village natal, avec son corps d'adulte mais à l'époque de son enfance.

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Expression : « À tout péché, miséricorde ».

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11/05/2007

Qu'est-ce que tu crois ? que les autoroutes ont été créées exprès pour toi ? que des milliers de petits lutins goudronnent à la vitesse de l'éclair sous tes semelles à chaque fois que tu poses un pied devant l'autre ? Sache que la route que tu empruntes est déjà tracée (ce qui ne t'empêche pas de choisir des voies exclusives, des routes privées).

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Qu'elle soit bénie, pour être née.

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Être assommé par la vie (on met plusieurs mois pour revenir à soi).

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10/05/2007

Subitement, tous les badauds de la rue se retournent vers moi et applaudissent.

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Les femmes ont égaré mon nom.

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Proverbe suisse : « Pour ce qui est de boire, on se force; mais pour ce qui est de manger, qui ne peut ne peut ».

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09/05/2007

Je sais que je serai aveugle un jour.

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« Parfois, je me demande de quel côté est Dieu ! » (entendu à la télévision).

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Boutade : « Il sait transformer l'or en plomb ».

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Un soir, tu embarques sur un petit voilier, tu sors du port, tu gagnes la haute mer, puis tu mets le cap plein sud et personne n'entend plus jamais parler de toi.

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08/05/2007

Maintenant, je vais creuser le sol, je vais forer la surface de cette planète, percer la croûte terrestre et m'enfoncer jusqu'à ce que je rencontre le centre de la Terre, le noyau de magma, le coeur du coeur qui se trouve en fusion.

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Expression : « J'aime autant vous dire... »

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Symboliquement, Philippe Sollers est mon père et Christine Angot est ma mère. J'ai, pour chacun d'eux, un immense respect littéraire et humain.

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Je n'ai jamais cessé de me battre contre cette vie-là, jour et nuit, chaque seconde. Question de tempérament et goût du marathon.

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07/05/2007

« Ils se frappaient, non avec la main, / mais avec la tête, avec la poitrine et avec les pieds, / tranchant leur corps par bribes avec les dents. / Le bon maître dit : "Fils, tu vois maintenant / les âmes de ceux que la colère vainquit" » (Dante, Inferno).

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On t'offre un cadeau, tu le déballes, tu es comblé, et au moment où tu vas le saisir dans tes mains, il t'est retiré et tu es congédié, un inconnu à l'allure menaçante te raccompagne sur le seuil de la maison et tu es forcé de quitter les lieux.

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J'ai tout le temps peur dans la vie, sauf quand je suis avec toi.

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06/05/2007

« Vous, apprenez à voir, plutôt que de rester / Les yeux ronds. Agissez au lieu de bavarder » (Bertolt Brecht).

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Si on part du principe que tout être et tout objet est composé d'atomes et qu'il tourne sur lui-même à pleine vitesse comme une bille lancée sur une pente, il s'agit pour moi de savoir tourner mille fois plus vite que l'existant.

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Je pense donc je suis, j'écris donc je jouis.

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05/05/2007

« Les orages de la jeunesse précèdent les jours brillants » (Lautréamont).

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La réalité soudain se colore en violet comme si un filtre était descendu devant mes yeux, comme s'ils s'étaient chargés de sang.

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Nous sommes dans la vraie vie, on ne peut pas faire de brouillon, on ne peut pas raturer, chaque chose ne peut être faite qu'une seule fois. Je veux dire : ça n'est pas un jeu; quand on plonge la main dans le feu, la main est mutilée pour toujours, pas de retour en arrière possible. Dans la vraie vie, faire n'importe quoi n'aurait aucun sens.

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04/05/2007

Tu n'imagines pas la taille des montagnes qui vont sortir de terre et se dresser devant toi année après année. Et il te faudra toutes les gravir, l'une après l'autre. Il vaut mieux être averti à l'avance.

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La prière sert essentiellement à intercéder pour d'autres, éloignés et seuls, et qui sont en bien plus grand danger que soi.

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Entendu à la télévision : « Là-bas, c'est la jungle, il y a des insectes gros comme des camions ».

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Je suis de moins en moins isolé : plusieurs chefs de clans respectés ont conclu une alliance avec moi.

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03/05/2007

Tu mérites beaucoup mieux que ta vie actuelle.

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Un type déprimé : « Je n'ai plus confiance en personne, même pas en moi-même » (entendu à la télévision).

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Des milliards d'âmes pensent à lui là-haut au Ciel, des milliards de morts pensent à lui, il n'est pas seul, il n'est jamais seul.

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02/05/2007

L'épreuve a été si dure, la douleur si violente, que je sens depuis quelques heures mon corps se durcir, et mes membres et mon tronc se revêtir d'une invisible armure d'acier trempé. Je devine que dorénavant je suis mieux protégé, et ma peur presqu'ancestrale diminue et par instants disparaît même totalement. Je m'imagine devenu invulnérable. C'est un très solide printemps.

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« Je vous supplie, ciel, air, vents, monts et plaines, / Taillis, forêts, rivages et fontaines, / Antres, prés, fleurs, dites-le lui pour moi » (Ronsard).

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Boutade : la vie, heureusement que ça ne nous a rien coûté, parce que c'est pas cher payé; déceptions permanentes !

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01/05/2007

Un jour, il faudra tout de même se décider à mourir.

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« L'imagination dispose de tout; elle fait la beauté, la justice et le bonheur qui est le tout du monde » (Pascal).

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Je me suis mis à écrire parce que j'étais seul, que je n'avais personne à qui parler. Exactement comme a fait Anne Frank. Et le temps passant, ça ne s'est pas amélioré, de sorte que j'ai écrit de plus en plus, et, à force d'habitude, de mieux en mieux. Aucun mérite là-dedans.

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Suite du Carnet...


 
Ce texte est une oeuvre de fiction. Toute ressemblance
avec des personnages ou des faits réels
serait donc le fruit du hasard.
Ce texte est
© Marc Pautrel