Carnet

 

Retour au Carnet du jour...

31/08/2007

Je ne réussirai jamais tout seul. Mais personne ne m'aide, ceux qui peuvent ne veulent pas, ceux qui veulent ne peuvent pas.

*

Ce carnet me regarde, me sourit et me comprend; cet objet est la seule personne qui m'aime vraiment pour ce que je suis.

*

Je suis dangereux pour les gens qui m'approchent de trop près.

*

Je brûle sans me consumer.

*

Je ne veux pas de ces sortes de choses, je ne veux pas de ces compromis, je veux sortir par le haut.

*

Je sais que c'est possible. Je le vois.

*

30/08/2007

Les êtres humains n'ont plus leurs yeux, alors tu vas les leur rendre. C'est ça, ton travail : toute une vie pour redonner la vue à tes semblables.

*

Voici maintenant le moment pour toi de prendre quelques risques.

*

« Je suis le patron parce que je n'ai pas peur » (Michel David-Weill, banquier).

*

Nous nous retrouverons au paradis du sommeil, là où les oiseaux chantent sans fin, là où l'herbe reste verte, là où les fleurs ne fanent jamais, là où les papillons vivent trente mille jours.

*

29/08/2007

Si nécessaire, elle creusera jusqu'au centre de la Terre.

*

Je suis un destructeur-né. J'aime créer des champs de ruines. J'essaie d'arrêter, j'essaie de me soigner. Mais tout le monde m'encourage en silence, tout le monde aime les ruines.

*

Il existe une confrérie secrète des personnes qui savent rire, reconnaissance mutuelle de l'aptitude à l'euphorie.

*

Ne jamais cacher deux secrets à la fois (sinon on s'égare).

*

Je ne parviens pas à décélérer, mon corps ne cesse d'accélérer, je ne distingue même plus les masses célestes autour de moi.

*

28/08/2007

Il ne me reste pas grand chose, il ne me reste pratiquement plus rien. Sauf le plaisir de marcher seul le matin dans la rue, le soleil dans les yeux.

*

Tu as été élu, tu n'y peux rien.

*

J'ai fait tout ce que j'ai pu et ça n'était pas suffisant. Mon champ d'action est encore plus limité que je ne croyais, quelques centimètres carrés seulement à l'échelle d'une vie : on ne peut rien construire avec ça.

*

Personne ne m'attaque jamais, j'inspire la crainte, car ils savent que je suis un cobra.

*

Chaque jour, je mets de côté quelques forces pour, le soir venu, les envoyer par une prière à quelqu'un qui en a urgemment besoin.

*

27/08/2007

Peu importe, puisque le monde est sous les ordres de mes mots.

*

Tu n'es pas assez concentré, c'est pour ça que tu n'arrives à rien : tu es dispersé comme le pollen.

*

Je ne suis même pas la moitié d'un être humain.

*

Les lettres la soulèveront de terre et la déplaceront hors les murs de sa prison.

*

Il a basculé son corps en mode survie.

*

Nous nous laisserons dériver jusqu'aux eaux tropicales.

*

26/08/2007

L'enivrante sensation d'être un dé qu'une puissance supérieure fait rouler dans sa paume en riant.

*

Compose un savant mélange entre l'instinct et la réflexion, et tu sauras comment agir.

*

Sauter le mur à pieds joints.

*

Quel charisme ? j'ai autant de charisme qu'une porte.

*

Même douloureuse, démente, épuisante, triste à se tuer, cette vie reste une vie d'exception; je ne l'échangerais pas contre la vie des gens à qui il n'est jamais rien arrivé.

*

25/08/2007

Je ne suis pas Superman, je ne peux pas tout.

*

L'insupportable vérité, on peut parfaitement vivre en tête-à-tête avec l'insupportable vérité.

*

Un jour tu seras libéré, une main te touchera et te donnera le monde en cadeau.

*

Le dictionnaire et tous les autres livres sont mes chaudes couvertures, le seul endroit vivable, partout ailleurs c'est le froid et la guerre.

*

24/08/2007

La vie joue à me massacrer.

*

Reconstruisez votre forêt avec méthode en utilisant les pièces du jeu de construction; ne prêtez pas attention aux autres, ils sont là pour vous tuer, ils essaieront sans relâche; concentrez-vous sur les arbres et les buissons.

*

L'été, la baignade du matin, les quelques brasses dans la piscine dès le lever, avant même de déjeuner, l'eau onctueuse qui caressait le cou, les bras, le dos.

*

On paie des gens pour vous juger et pour vous faire souffrir.

*

23/08/2007

Il sait marcher dans la nuit, il y avance avec aisance.

*

Quand je me concentre, j'arrive à apercevoir mes lecteurs au travers de ma feuille; je les vois, là-bas dans le futur, qui scrutent la surface de l'eau.

*

Un arbre sortira de terre et atteindra en quelques secondes une hauteur de dix mètres.

*

Certains animaux se mettront à parler en langue humaine à certaines personnes.

*

Chaque matin le soleil se lève, chaque matin ce miracle se reproduit.

*

22/08/2007

J'ai senti en quelques mois mes capacités intellectuelles et physiques décupler, comme si je disposais dorénavant non plus d'un seul corps, mais de trois ou quatre corps distincts et identiques, des doubles qui pouvaient, soit se superposer l'un sur l'autre de façon parfaite, soit aller chacun de son côté effectuer une tâche différente en mon nom.

*

Être une anomalie au milieu de la société.

*

Vous pouvez avoir bon espoir.

*

Plus le temps passe, plus la montagne enneigée qui se dessine sous le ciel devient grande et devient belle, versants, facettes, pointes et plateaux; le sommet continue de s'élever et tutoie chaque jour davantage les étoiles.

*

Sous le ponton, l'eau de la rivière danse au rythme de mes pas.

*

21/08/2007

J'ai joué les magiciens, et tel Houdini, je me suis faufilé entre mes chaînes, j'ai écarté mes menottes, et j'ai quitté ce monde usé.

*

S'il me fallait devenir un animal ? par ordre de préférence : un dauphin, une marmotte, un faucon, un lémurien, une chauve-souris, une girafe, une hirondelle, ou une rainette.

*

Arrivé à un certain âge et à un certain point de charisme, la conquête de la liberté n'a plus aucune importance car les puissants aliènent la leur pour se soumettre à la vôtre.

*

Le jour où on perd confiance dans les mots, on périt.

*

20/08/2007

J'ai posé les questions. J'attends maintenant les réponses.

*

La nuit l'étreint comme si elle voulait l'étouffer, tellement elle l'aime, il est la prunelle de ses yeux, il est son amour, il est l'amour de la nuit.

*

Une ville, la cité de X., qui créerait un vin de table si somptueux qu'on lui donnerait son nom, de sorte qu'on dirait "boire du X." comme si on voulait croquer un morceau de la ville. Cette ville existe : Bordeaux.

*

« Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s'éveilleront » (Livre de Daniel).

*

Depuis quelques mois, je me suis remis à grandir : ma taille augmente de quelques millimètres chaque jour et je me demande : où est-ce que ça s'arrêtera ?

*

19/08/2007

Il ne peut pas être tué (même s'il peut disparaître).

*

Toutes les nuits nous nous levions, et le filet sur l'épaule, nous partions à la pêche aux étoiles.

*

Puissent cinq anges gardiens la protéger jusqu'à la fin de ses jours.

*

Les ennemis qui m'assaillaient sans relâche sont en déroute, mais ils reviendront, je le sais; je me prépare.

*

18/08/2007

Je suis un héros antique. Tous les ans, une femme me démembre, bras et jambes détachés, et bien sûr le crâne ôté. Mais en trois jours mon corps se régénère : de nouveaux attributs sortent de mon tronc et je gambade à nouveau sur la pelouse comme un enfant.

*

Il faut beaucoup dormir, et surtout il faut réfléchir, réfléchir, encore réfléchir : la solution est à ce prix.

*

« La Voie vraiment Voie est autre qu'une voie constante » (Laozi).

*

J'ai été cueillir un bouquet de phrases dans la bibliothèque.

*

17/08/2007

La suprême joie ? un éclat de rire qui n'en finit pas, comme un torrent de montagne, comme le vent du soir si vigoureux qu'en secouant les branches du cerisier il déclenche une averse de fleurs.

*

Toute ma vie, je l'ai passée à me battre.

*

Certains jours, vous avez l'impression d'avoir sauté en parachute sans prendre le parachute. La terre se rapproche de plus en plus vite et il va falloir trouver une solution. Puis vous ouvrez les yeux et ce n'était qu'un cauchemar.

*

Je m'allonge, je ferme les paupières, et j'ouvre ma nuit délicatement, comme s'il s'agissait d'un écrin.

*

16/08/2007

Nous galopons tous au même rythme, dans la grande prairie, la toundra, la vaste plaine, la savane, le désert, la forêt de sapins, ou le vieil océan. Notre troupeau léger coure vers son destin.

*

Un jour, je mourrai de ma belle mort.

*

Il découvre que les villes imaginaires qu'il avait inventées en rêve, ont été mystérieusement édifiées pour lui au cours de ces années, et qu'à présent il peut réellement en arpenter les rues.

*

Essaie de te voir aussi bien que tu la vois.

*

15/08/2007

Tu me fais mourir lentement.

*

Idée de texte : des centaines de minuscules lumières bleues apparaissent dans la nuit, sortes de lucioles azurées.

*

Je me fierai à mon rire (si j'y pense).

*

Sa détermination tapissait toute la plaine d'une mince couche de lui-même, comme après une averse de neige.

*

Aie moins peur.

*

14/08/2007

Suspendu dans le vide, retenu par ma main agrippée à sa main.

*

Tu es assis au milieu du désert et ta mission consiste à coller chaque grain de sable aux autres grains de sable pour recomposer les pierres dont ils sont issus, et avec ces pierres rebâtir ensuite toutes ces villes. Tu as du travail !

*

Time is on my side, l'horloge tourne dans mon sens, le temps joue pour moi.

*

La lune la caressait d'une façon que les prêtres condamnent.

*

13/08/2007

Toutes les langues du globe sont tombées sur lui un matin. Au réveil, des milliers de dialectes traversaient son corps de part en part, comme l'aiguille du tailleur traverse le tissus.

*

Vous ! ouvrez les yeux, vous êtes tous encerclés !

*

Jugement d'un ami, en mon absence : « Marc, il est comme un enfant : il veut tout, tout de suite ».

*

La vie t'apprendra la patience.

*

12/08/2007

Certains envoient des fleurs, moi j'envoie des mots : chaque jour un nouveau bouquet.

*

Une vision tellement faussée de la réalité, qu'il est persuadé que toutes les personnes qu'il croise lui crient : « Mains en l'air ! »

*

Sa seule présence ici met toute la ville en joie.

*

Plus tu découvres les autres, moins tu te comprends toi-même.

*

11/08/2007

Des petits cailloux dégringolaient par instants du haut de la montagne, telle une cascade intermittente de pierre.

*

Béni soit le jour de sa conception.

*

Je dois trouver la solution, je dois résoudre cette équation, même si pourtant je n'en possède pas les données. Mais c'est comme si la suite de toute sa vie, heureuse ou malheureuse, en dépendait.

*

Pour saluer l'événement, le jour réapparaîtra en pleine nuit l'espace de trois minutes, les plus surprenantes et les plus belles minutes que l'Histoire récente aura connue.

*

10/08/2007

Le monde marche avec lui, la Terre marche avec lui, il la tire à sa suite comme un cheval son sulky.

*

Des millions d'anges se sont rapprochés et forment un cercle à l'orée des nuages.

*

« Mais lentement, leurs yeux se tournent, / Leurs regards se rencontrent : / La querelle des amants / S'achève dans les rires et les étreintes passionnées » (Amaru).

*

Ce sera une vague plus haute qu'un gratte-ciel : un raz-de-marée de grâce tombera sur toi.

*

Je peux combler ce précipice.

*

09/08/2007

Elle le protège de son ombre.

*

La ronde des corps, dans le silence des chambres à coucher.

*

Une personne dont les pouvoirs magiques sont si grands qu'elle est capable de vous transformer en dauphin.

*

Chaque matin, ça recommence : pendant toute une journée, au moins cent décisions à prendre, et toujours faire attention à ne pas commettre l'erreur du mois.

*

J'avance de plus en plus vite dans le tunnel obscur mais le point lumineux n'apparaît jamais.

*

Le dernier soleil du jour éclairant le sommet des échoppes : beau comme un grand verre d'orangeade.

*

08/08/2007

Suivez-moi, n'ayez pas peur.

*

Je traite mon corps comme une machine cassée dont chaque pièce pourrait être utilisée d'une manière détournée. Je traite mon corps comme s'il était un dictionnaire.

*

Tu es grand maintenant, tu vis dans le vrai monde; finis, les cahiers et les livres !

*

Depuis vingt ans, il tourne sans relâche le disque gradué du coffre-fort à la recherche de la combinaison, et à présent le voici à la veille d'entendre le déclic et de voir la porte s'ouvrir.

*

07/08/2007

Je sais comment augmenter ma vitesse de vol.

*

Il fait comparaître devant lui tous ceux qui depuis sa naissance l'ont fait souffrir intentionnellement, long défilé.

*

Les pique-niques l'été au bord du fleuve, toutes ces choses que tu n'as pas vécues — à moins que tu aies tout oublié, que tu aies vidé sans le vouloir ta mémoire.

*

Elle a transpercé ma poitrine et gravé le bleu de ses yeux dans le rouge de mon coeur.

*

Tu es décédé il y a des années mais moi je vais te ressusciter, je vais te rendre à la vie. Pourquoi ? parce que tu as de la valeur.

*

06/08/2007

Cette femme m'a décapité et elle est repartie avec ma tête sous le bras dans son pays merveilleux. Depuis, j'erre comme une âme en peine.

*

Entendu dans un film policier : « Pognon et discrétion, c'est la devise de la maison ».

*

Quelqu'un qui aime casser ses jouets.

*

L'euphorie qui emportait tout le monde à cette époque, comme une bille roulant sur un lac gelé. Les garçons et les filles baisaient comme on respire.

*

Je me heurte à une opposition frontale de l'extérieur, contre laquelle même mes plus puissants alliés paraissent inopérants. C'est très bon signe : cela signifie que j'ai vu et dit quelque chose qui n'aurait dû être ni vu ni dit.

*

05/08/2007

L'océan ne dort jamais.

*

Je ne voulais pas de cette vie-là, ce n'est pas ma vie. On m'a volé mon corps.

*

Boutade de juriste : les contrats, c'est encore plus dangereux que les armes à feu !

*

Il est venu vous voir accompagné de cent mille lettres de l'alphabet très en colère de ne pas avoir été imprimées dans un livre.

*

Tu reproduis une à une toutes les erreurs que j'ai commises avant toi.

*

04/08/2007

Appelez-moi Tarzan : il vole de liane en liane, je saute de phrase en phrase.

*

Plus seul que si la totalité des êtres humains avait disparu de la surface de la Terre, et qu'il ne restait plus que les animaux, avec lesquels je n'ai rien à partager.

*

Certaines nuits, tu sors cueillir une ou deux étoiles dans le ciel.

*

Le soleil de sa vie.

*

03/08/2007

Tout l'intérieur de ton corps sera transformé en une immense fleur.

*

« une Assemblée qui discute, calcule, pèse les syllabes au sommet de ce monde en feu » (Jules Michelet).

*

La réalité voulait ma mort; il a fallu que je la séduise par des mots; et celle qui voulait me tuer, je l'ai mise dans mon lit.

*

Souvenez-vous du soleil du matin, la clarté du jour prochain.

*

Je viens d'agrandir mon musée.

*

02/08/2007

Un nouveau monde a été substitué à l'ancien et personne n'en a rien su. Sauf toi.

*

Les arbres de la forêt sont devenus bleus, le ciel sans nuage est devenu vert.

*

Le soleil ne se couchera plus jamais.

*

Les femmes te donneront tout ce que tu souhaiteras. Tout.

*

La nuit, elle entre dans les cimetières; elle chuchote au-dessus des tombes; et bientôt des formes humaines luminescentes soulèvent leur dalle et s'extraient du trou pour la suivre.

*

01/08/2007

Idée de texte : malgré le beau temps ensoleillé, je suis pris dans une tempête : des rafales de vent inouïes font voler des plaques de ciment rectangulaires et des lourdes pierres à travers les rues, à hauteur d'homme, manquent de me tuer.

*

Au milieu de cette tempête, une fée apparaît, elle étend les bras en croix et le vent change de direction, les dalles de ciment ne traversent plus les airs de long en large, elles ralentissent leur course et se mettent à tourner en cercle autour de la fée.

*

Avec les dalles dociles, la fée construit sous mes yeux un château mouvant, aux façades et aux tours souples comme des murs d'eau, immense maison de mille pièces, demeure dont les cloisons ont la douceur de la peau, corps vaste comme une famille de dix générations.

*

C'est un miracle que nous puissions survivre, que nous puissions résister au traitement bestial que nous inflige parfois la vie.

*

Le ciel vous le rendra.

*

31/07/2007

J'ai longtemps fait fausse route. On n'est jamais sûr de rien.

*

En 1843, lorsqu'il visite Bordeaux, Victor Hugo séjourne à l'hôtel incognito sous le pseudonyme de Monsieur Go. Comme le Jeu de Go. "Go !" signifie aussi en anglais "On y va" (« Je suis une force qui va »).

*

Un type qui jouerait aux échecs comme un pied.

*

On m'a ôté le sommet du crâne et on m'a lentement vidé le cerveau. À la petite cuillère.

*

Plus épuisé que s'il était décédé.

*

30/07/2007

Vous reverrez un jour votre famille.

*

Tu es assis sur le rebord d'un nuage, les pieds dans le vide, à dix mille mètres d'altitude, et tu peux observer le merveilleux spectacle du globe terrestre, mais tu ne peux toujours pas atterrir et poser les pieds sur cette planète.

*

Il restera toujours, en moi, une partie de toi, un minuscule territoire qui t'appartient et dont tu peux disposer à ta guise.

*

Pouvoir vivre enfin comme un homme intégral.

*

Nous ne pouvons pas nous retourner, nous ne pouvons pas faire marche arrière, nous ne pouvons pas ralentir; car derrière nous, la montagne du néant avance et nous talonne, gagnant, minute après minute, en hauteur et en vitesse.

*

29/07/2007

Elle me glissait entre les doigts comme du sable et j'essayais de la capturer, alors que le grand Désert n'est pas un lieu que vous pouvez posséder, c'est seulement un lieu auquel vous devez vous mesurer.

*

Six mois de météo chahutée, six mois aussi denses que six années.

*

Vous pleurez autant que vous riez ? tout va bien, c'est que vous vivez.

*

Tu as un grand trou au milieu du corps et on peut voir au travers; on t'appellera bientôt "L'homme percé".

*

28/07/2007

Je suis comme au soir de mon ancienne vie.

*

Dans la gouttière au-dessus de sa fenêtre, nichent des oiseaux qui dès la première clarté de l'aube commencent à chanter, réveil-matin naturel.

*

On ne commande pas aux corps, ils ont leur vie autonome séparée de celle des coeurs, ils savent ce qu'ils veulent et finissent toujours par l'obtenir.

*

« Quant au Svadhisthana / on dit qu'il est le sexe lui-même : / le vent passe à travers lui / comme le fil à travers la perle » (Dhyanabindu Upanishad).

*

27/07/2007

Tu me fais la courte échelle.

*

« L'amour qui naît subitement est le plus long à guérir » (La Bruyère).

*

Jongler avec des montres-bracelets en état de fonctionnement.

*

Nous gagnerons cette course, nous franchirons la ligne d'arrivée les premiers, loin, bien loin devant le reste des êtres humains, les ordinaires, tous ceux en bonne santé.

*

26/07/2007

Si je savais prier, je n'écrirais pas.

*

Je ne suis pas croyant, au sens habituel du terme. Ma religion, mon dieu, c'est l'Art. Et j'ai un accès permanent au paradis.

*

Idée de texte : des morceaux de mon corps tombent, comme des cheveux ou des bouts de peau, mais là il s'agit de phalanges de doigts, de lobes d'oreille, un jour toute une main, puis un gros orteil, et le bout du nez, et bientôt un des deux yeux. Je devine qu'il faut faire quelque chose pour stopper l'érosion. Mais quoi ?

*

A-t-il été ? il a peur de l'été, peur de l'être au passé.

*

La sirène hurle dans mon crâne jour et nuit.

*

25/07/2007

L'amour te guérira.

*

Il sait qu'il devrait voyager, sauter sans cesse d'un continent à l'autre. Il n'a pas le courage, trop de problèmes à régler ici, et trop graves.

*

Je cours comme un dératé avec derrière moi, cherchant à me rattraper, mon double maléfique qui veut m'assassiner.

*

Fa, / Do ré mi fa. / Fa - Si, / Do ré mi fa sol la si.

*

Comme il serait doux que tu te laisses aller, que tu t'abandonnes comme une pierre qui roule sur la pente. Mais tu préfères te faire cube.

*

24/07/2007

Jamais une aide véritable, ou alors, combien de fois ? une fois ? deux fois ? le reste du temps, la tempête sans discontinuer, obligé de tenir la barre entre les vagues des femmes, immenses comme des immeubles.

*

Le grand vent de beau temps, somptueux, qui fait gonfler la voile et emmène au bout du monde.

*

Expression : « Dans la fleur de l'âge » (en pleine jeunesse).

*

Si je continue comme ça, je me tue dans deux ans.

*

23/07/2007

Evidemment, devant elle les hommes tombent comme des mouches.

*

Je crois entendre un rire pendant la nuit, mais non : c'est mon ventre qui gargouille.

*

Expression : « Il a fait une sortie de route » (il a eu un coup de folie).

*

Ton bateau prend l'eau de toutes parts, tu réalises que le fond de la mer te désire, que les abysses te tirent avec la force d'une femme amoureuse.

*

22/07/2007

C'est le seul rêve que tu ne peux pas raconter. Tu tournes la poignée, tu pousses la porte, tu fais trois pas, et aussitôt tu réalises que l'aspect de la pièce a changé. Tu te repères dans la nouvelle géométrie et tes yeux remontent jusqu'au point où est à présent la jeune femme. Elle sourit à peine, articule les lèvres pour parler, d'une voix faible presque chuchotante. Par pudeur, elle lance un demi-reproche, puis le silence se fait. Les anglais disent a gift. Fin de l'Histoire.

*

Les randonnées que nous faisions chaque été en montagne. Plus nous marchions, plus nous nous rapprochions du soleil.

*

La vie va recommencer.

*

21/07/2007

Aussi belles soient-elles, les autres femmes glissent sur moi comme de l'eau.

*

Je tends à lire la version papier, intégrale et raturée, de ce Carnet, à des personnes pourtant curieuses de moi : elles le feuillettent rapidement, ne cherchent pas, n'en lisent presque rien. Elles me rendent le carnet très vite, trente secondes, une minute, comme s'il leur brûlait les doigts. Expérience reproductible.

*

Ne te préoccupe pas de ce que peuvent les autres et que tu ne peux pas. C'est une lutte entre toi et le monde, d'égal à égal, à la loyale. Dessine le cercle autour de toi et approfondis ta concentration.

*

Elle me dit soudain : « Je viens juste de naître ».

*

20/07/2007

Il va falloir partir, quitter cette crique abritée, si somptueuse, si fascinante, lever l'ancre et regagner le large. Toute ta vie, tu te souviendras avec tristesse de cette île mythique qui n'était pas habitable, de ce paradis, mais inhospitalier.

*

Ne pas hésiter à écrire son autobiographie quand on est encore jeune. Renouveler l'exercice : écrire ses mémoires une fois tous les dix ans (à vingt ans, trente ans, quarante ans, etc). Les lecteurs compareront.

*

Les voix des cent femmes reviennent chuchoter à mes oreilles.

*

Dans les siècles des siècles.

*

« Vous vous réveillez poisson rouge » (Chloé Delaume).

*

19/07/2007

Les femmes me traitent comme si j'étais déjà mort. Or on ne couche pas avec un cadavre. Pourtant, je suis sûr que je suis vivant.

*

Au bout d'un moment, il doit se rendre à l'évidence : le match qu'il dispute est trop inégal. L'arbitre a été acheté, mais pas par lui.

*

Je les ai vus, dans le futur, tous les deux ensemble : un très beau couple; je les ai vus comme je vous vois.

*

« C'est en moi que les îles espèrent » (Livre d'Isaïe).

*

18/07/2007

T'as tout de suite vu où était le trésor.

*

Il ne sait plus à quel Saint se vouer, il a l'impression que le comportement de ses amis ne répond à aucune logique, qu'ils disent blanc le matin et noir l'après-midi.

*

À un ami écrivain en panne d'inspiration, elle conseille : « Laisse le poignet et la main faire leur boulot, laisse-toi guider un peu par eux, par le corps ».

*

La nuit descend sur mes épaules, me forme une grande cape, puis m'aide dans ma progression.

*

17/07/2007

« Je ne trouve qu'en vous je ne sais quelle grâce / Qui me charme toujours et jamais ne me lasse » (Racine).

*

Vous avez mal à la tête ? c'est parce qu'il y a débat chez vous et que les milliers de locataires de votre cerveau ne sont pas tous d'accord.

*

Ne jamais avoir peur. Si tu as peur, tu meurs. Si tu n'as pas peur, les solutions se lèvent d'elles-mêmes au milieu des herbes hautes, des mains apparaissent en plein champ et se tendent vers toi.

*

Le matin, je vais sur la plage me faire peigner par le vent.

*

16/07/2007

Tous ces êtres minuscules ! ils vivent entre les herbes de la pelouse, ils vivent même sous ma peau : des fourmis, des grillons, des coccinelles, des araignées pacifiques qui circulent à l'intérieur de mes bras.

*

Le fou ne se rend pas compte qu'il est devenu fou.

*

Seules les étoiles du ciel peuvent te dire où tu es; dans l'Antiquité on naviguait déjà comme ça. Trouve le nom du lieu où tu te situes et les choses immédiatement deviendront d'une simplicité enfantine.

*

Multiplier les autoportraits, Rembrandt, Van Gogh, Picasso. Ne pas se tromper de cible. Toujours revenir à l'origine : soi.

*

15/07/2007

La solution apparaît lentement sur le ciel, comme une fleur géante qui s'ouvre. Au milieu des pétales, se tient le secret, le mécanisme.

*

Expliquer pourquoi l'esprit humain, lorsqu'il veut évoquer l'amour, parle toujours des fleurs (relire Proust, bien sûr).

*

Une hygiène de vie inflexible : lever tôt, coucher tôt; jamais d'alcool le soir (dérogation spéciale pour les grands crus classés); repas à heures fixes, ne rien avaler entre; s'hydrater souvent, beaucoup d'eau; rester seul dans le silence vingt minutes d'affilée au moins une fois par jour; marcher une heure ou bien faire une demi-heure de vélo; lire longuement; écrire un peu; rire avec des amis. Cette hygiène de vie là, ou bien tu l'adoptes, ou bien ton existence sera un enfer.

*

Dieu me fait des clins d'oeil.

*

Idée de texte : elle s'assoie en tailleur sur le gazon pour dessiner sur son cahier, et bientôt les oiseaux s'approchent, sautillent jusqu'à elle, se posent sur ses épaules, sur son chapeau, sur ses genoux, et regardent ses croquis. L'un d'eux se met à chanter, les autres l'imitent. L'après-midi passe ainsi.

*

14/07/2007

Chaque matin, il se réveille reposé comme s'il avait dormi dix ans.

*

La communion des saints, la communion des écrivains; ces derniers, lorsqu'ils disparaissent, se mettent à discuter entre eux et à agir ensemble, société secrète, confrérie puissante.

*

Elle touche du bois ? oui : tout ce qu'elle touche se transforme en bois.

*

Pluie de poussières d'or, sans prévenir, chez soi, dans le salon, à travers le plafond. C'est le bon côté de la vie : le versant clair de l'imprévu.

*

13/07/2007

Nous avons passé une montre neuve au poignet de ce globe.

*

Le cerveau totalement effacé par une journée si surprenante, il se laisse glisser dans le sommeil, et il coule à pic, jusqu'à ce qu'il atteigne le fond et s'immobilise là, horizontal sur le sable.

*

Idée de texte : une fée rencontre un hippopotame en larmes. Prise d'affection, elle l'embrasse sur le museau et aussitôt il se sent léviter, il décolle, il vole et il peut aller et venir lentement dans les airs au-dessus de la savane, comme un gros ballon dirigeable qui manoeuvre aux côtés du soleil.

*

« On verra dans l'air, à une extrême hauteur, des serpents de grande taille combattre des oiseaux » (Prophéties de Léonard de Vinci).

*

Le soir, je replie ma journée et je disparais.

*

12/07/2007

« Réveille-toi, flamme amoureuse des anciens jours » (Lautréamont).

*

Je marche dans le vent du matin, je scrute le visage du ciel, je parle aux inconnus, je fais rire mes amies, je dors chaque nuit et chaque après-midi, je lis, parfois j'écris. Quelle vie !

*

Idée de texte : à la plage, un baigneur comprend soudain que l'océan est le corps d'une immense femme, et qu'à chaque brasse qu'il fait elle l'étreint.

*

Tu es pour toi-même un paquet cadeau dont je vais dénouer le ruban.

*

« Ne coupez pas ce que vous pouvez dénouer » (Joubert).

*

Quelqu'un que je place sous ma protection par la seule force de la pensée.

*

11/07/2007

Pour apprécier pleinement la Paix, il faut avoir connu auparavant la Guerre, même très brièvement.

*

L'avenir de l'Humanité dépendrait de ce qui va arriver à cette personne, l'enjeu se trouverait concentré sur une tête d'épingle au creux de sa paume.

*

Être entêté (beau mot).

*

Mon plus dangereux ennemi ? moi-même. Mes plus grands alliés ? les femmes.

*

10/07/2007

J'ai beau essayer de me détordre, la vie me retord à chaque fois; je veux redevenir rectiligne mais elle impose sans cesse à nouveau sa courbure. Elle maintient cette forme particulière qu'elle semble avoir choisie pour moi. S'entêter ne sert à rien.

*

Je n'abandonnerai jamais le combat.

*

« Yahvé marchait avec eux, le jour dans une colonne de nuée pour leur indiquer la route, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer » (Exode, 13, 21).

*

À l'intérieur de toi il y a un coffre-fort et c'est la personne que tu rencontreras un jour qui en détient la clef.

*

Penser comme on danse.

*

09/07/2007

J'ai été intime avec Marc Pautrel.

*

Les fleurs se mettent à pousser soudainement à toute vitesse et sans limite. Alors, leurs tiges deviennent si longues et leurs corolles se tiennent si haut au-dessus des maisons, que ces fleurs peuvent se pencher jusqu'au sol et s'y coucher en longueur, sur une distance de plusieurs kilomètres, et rejoindre le lieu où il se tient, pour entrer en contact avec sa peau et le faire sortir de sa mélancolie.

*

Expression : « Faire flèche de tout bois » (utiliser toutes les ressources possibles).

*

Tu exploreras les sous-sols de Saturne. Tu coucheras avec les plus belles femmes du monde. Tu discuteras des heures durant avec Rachi, avec les plus grands lamas tibétains, avec Saint Thomas d'Aquin. Tu vivras aussi longtemps que tu voudras.

*

08/07/2007

« distinguer, parmi le brouillamini angulaire des toits et des murs, une superbe cheminée de paquebot, se laissant voir derrière la corde à linge comme ce que, dans une image-devinette — Trouvez ce que le marin a caché —, on ne peut plus ne pas voir une fois qu'on l'a vu » (Vladimir Nabokov).

*

À Bordeaux, ces choses-là arrivent tout le temps.

*

La vie ne me laisse jamais de pourboire.

*

Les deux rivières se jetant à la mer, elles sont affluentes l'une de l'autre et se rejoignent à un certain moment. Ce moment s'appelle l'estuaire.

*

Vivre dans un pays dirigé par un demi-fou.

*

07/07/2007

Tu veux t'échapper, tu veux retrouver la liberté.

*

Vous ne vous rendez compte de rien, si ce n'est que dans la journée vous riez sans raison et que la nuit vous dormez comme un loir. Bref, vous l'ignorez, mais vous nagez dans le bonheur.

*

On peut vivre sans, mais c'est bien mieux avec.

*

« Que libre et nu je vole d'un plein saut / Outre le ciel, pour adorer là-haut / L'autre beauté dont la tienne est venue » (Ronsard).

*

Je parie sur moi à cent contre un.

*

06/07/2007

Les mots que je lis me répondent.

*

Idée de texte : un week-end à la campagne chez une grande amie. Arbres et pelouses partout. Tout est vert, même le ciel semble vert. Des enfants courent dans le jardin et se poursuivent en riant.

*

« Ce grand homme a construit sa hutte dans la vallée au bord de la rivière; son coeur est au large. Il dort, veille et parle tout seul; il jure que jamais il ne renoncera à ce bonheur » (Cheu King).

*

Je suis pote avec des dauphins.

*

05/07/2007

Arrivé à un certain point de ce chemin, nous ne pouvons plus faire marche arrière, nous devons aller jusqu'au village et y entrer.

*

La nuit il fera jour.

*

On entendra d'ici les anges applaudissant.

*

Pendant une seconde, aucun être humain ne mourra à la surface de la Terre.

*

Le Temps deviendra substituable comme de l'eau.

*

L'Art est un dieu jaloux : si tu refuses d'accomplir ta mission, si tu ne donnes pas le maximum, si tu n'es pas toi-même, c'est-à-dire un artiste intégral, alors tu seras laminé.

*

04/07/2007

Quelqu'un qui lit en moi à livre ouvert.

*

La vie n'est pas rose tous les jours, le crâne pressé comme une orange, des charbons ardents cachés derrière les yeux.

*

Une seule rasade d'amour et vous repartez pour dix mille kilomètres sans escale; quel carburant miraculeux !

*

Expression : « c'est un truc qui tue des ours » (c'est très puissant).

*

Dès qu'il est épuisé de sommeil et s'assoupit, un deuxième corps sort du premier et prend le relais, et de même quand ce dernier est fatigué, et ainsi de suite. Bref, comme dans les usines, ses os font les trois huit.

*

03/07/2007

Il te reste toujours cette petite voix cachée derrière ton épaule, qui te dit que tu es sur la bonne voie, que cette vie-là vaut la peine, que chaque mot que tu écris est béni dès qu'il touche la surface du papier.

*

I'm so sorry.

*

J'étais une feuille de papier capable de tenir debout toute seule, mais maintenant je voudrais pouvoir me déchirer en croix, dans le sens de la hauteur puis dans le sens de la largeur.

*

« Chacun tourne en réalités, / Autant qu'il peut, ses propres songes; / L'homme est de glace aux vérités; / Il est de feu pour les mensonges » (La Fontaine).

*

Les petits lutins sont maintenant au travail; descendus à l'intérieur du corps, ils s'emploient activement à lui rendre la force, la joie, et la sagesse.

*

02/07/2007

Certes tout est possible, mais on ne peut pas arrêter le déferlement de l'océan. On ne peut que chevaucher cette prairie infinie, naviguer dans le courant et le vent, découvrir où ils vont nous mener.

*

Cette galaxie est trop étroite pour moi, j'étouffe.

*

Les êtres humains bâtissent de grandes choses lorsqu'ils n'ont pas conscience qu'ils sont en train de le faire. Deux exemple : l'Art; l'Amour.

*

Toi et moi, nous irons camper sur Jupiter un jour.

*

01/07/2007

Il est effrayé par la beauté et par l'étendue de la vallée verte qu'il découvre à ses pieds.

*

Mon boulot, c'est de semer des pétales de roses sous ses pieds; tout le reste est secondaire.

*

« Je ferai de toi un objet d'éternelle fierté, une source de joie, d'âge en âge » (Livre d'Isaïe).

*

J'ai dû tellement me battre pour arriver jusqu'ici entier, j'ai dû tellement me battre qu'aujourd'hui je possède certains pouvoirs un peu particuliers, comme celui de deviner une seconde à l'avance ce que la réalité va décider.

*

Sur l'autoroute, je me double moi-même.

*


Suite du Carnet...


 
Ce texte est une oeuvre de fiction. Toute ressemblance
avec des personnages ou des faits réels
serait donc le fruit du hasard.
Ce texte est
© Marc Pautrel