Carnet

 

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31/10/2007

Parfois, je me retrouve soudain transporté à l'âge de dix ans, mais orphelin, sans mes parents qui ont mystérieusement disparu; et alors je suis plus seul que si j'étais Dieu.

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Des lectures de poèmes par des voix inconnues, dans des langues connues et des langues non connues, s'enchevêtrent dans ma tête.

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La nuit, quand personne ne la voit, la mer se lit elle-même : en tissant ses vagues, elle tourne ses pages.

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Une femme qui ressemblerait à un paradis en jachère.

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30/10/2007

Il est probable que toutes ces phrases ne servent à rien. Pourtant le doute persiste; à un point tel qu'il me réveille la nuit.

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Celui qui se sait aimé par celle qu'il aime, son corps devient fin comme une feuille de papier, solide comme le granit, et transparent comme la brise; son corps tout entier devient de feu, et rien ne peut plus le blesser.

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Menottés l'un à l'autre par-delà les distances, mes poignets à ses poignets, et ses chevilles à mes chevilles. Dès que je fais un geste elle doit le faire aussi, et dès qu'elle se déplace je dois suivre ses pas.

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J'ai repeint en bleu la nuit noire.

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29/10/2007

La plupart des gens n'en ont qu'un : le disque qui au commencement du monde a été accroché sur le ciel. Mais moi je suis béni des dieux, je reçois la vie en double : elle est mon deuxième soleil.

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Si vous voulez, je me charge d'attirer sur moi la foudre; je connais les secrets qui la transformeront en rivière de diamants.

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J'ai autant de poumons, autant de reins, autant de coeurs, que j'ai d'amis précieux. ce qui fait de moi un surhomme et presque un dieu.

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Je connais une écrivain qui peut faire naître des papillons dans les cheveux des jeunes filles.

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Ma maison est peuplée de milliers de petites souris joueuses, pas plus grandes que des fourmis.

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Avec un bon entraînement vous résistez à presque tout.

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Cette chose, on voudrait que cette chose dure toujours.

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28/10/2007

Travailler tout le temps, écrire sans arrêt; et quand on n'écrit pas, parler avec des femmes. Pendant les heures qui restent : dormir.

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J'ai obtenu un charisme, je ne sais pas pourquoi : la langue m'accorde tout, elle s'offre intégralement à moi; je ne suis même pas un écrivain, seulement le gagnant de la super-loterie.

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Ses yeux sont bleus et elle porte un pull vert, alors je lui offre un bracelet rouge sang.

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Quel gâchis de ne pas vivre sa vraie vie, par peur, par indécision, par obstination, par aveuglement, par orgueil.

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27/10/2007

Je ne sais plus où je vais, je ne sais plus si les choses vont continuer, je ne sais plus si ma vie actuelle aura une suite.

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Après une douzaine d'heures d'effort, le soleil est tellement épuisé qu'il s'écroule dans la mer.

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Parfois je me tiens sur la limite, je ne suis plus capable de supporter sa pression et je veux tout balayer, m'éloigner à jamais de son corps et de son prénom. Oui mais elle, c'est aussi moi.

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Quand tu apparais, mes problèmes vont se cacher; ils te craignent.

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26/10/2007

Nous avons chacun notre escalier, et moi aussi j'ai compté toutes les marches qui depuis ma naissance m'ont amené jusqu'ici.

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Je ne tiens même plus debout dans mes vêtements.

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La fée m'a mélangé le cerveau, je ne sais plus où se trouve la réalité, devant, derrière, à droite, à gauche, je suis totalement désorienté, je suis désaxé.

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Dis-moi une seule parole et je serai sauvé.

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Entrons dans la nuit soyeuse pendant qu'il est encore temps (elle ne nous attendra pas toujours).

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25/10/2007

Une femme est venue de très loin pour me faire un cadeau.

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Je rêve d'un monde dans lequel ne vivraient que des gens sains d'esprit. Je serais le seul fou.

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Coquille de noix chahutée par la tempête jour et nuit, et pourtant ignorante du danger, trop frêle pour que les déferlantes parviennent à la couler. Mais près des côtes, le premier rocher pourrait la briser.

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Je veux faire entrer mon corps dans un livre; qu'il y disparaisse, et qu'on n'en parle plus.

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24/10/2007

Sans cesse il faut garder la nostalgie de soie.

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Nous nous tenions debout dans les airs, l'un en face de l'autre, appuyés sur un sol mystérieusement invisible pour tous, même pour nous. Les badauds s'attroupaient et nous montraient du doigt.

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Son corps est si souple qu'on jurerait qu'il est à l'intérieur composé de tissus, de bandelettes enroulées l'une sur l'autre, ballot, quenouille, pelote de laine qu'elle déviderait face à moi, comme les humaines qui se déshabillent devant l'homme qu'elles aiment.

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Parfois, la vie est du sirop.

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Ma demeure est perchée sur le toit du monde, là où le soleil brille toujours.

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23/10/2007

Je crois que cette fois j'ai trouvé ma maison.

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Ma grand-mère était aveugle. Elle vivait mais elle ne voyait pas.

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Il a une amoureuse et une amie, Il a une mère et une nièce, il lui manque encore une fille et une petite-fille.

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Je me laisse facilement aveugler par les femmes et j'y prends beaucoup de plaisir.

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Tu es le Nord, je suis le Sud, à nous deux nous sommes la boussole géante de ce pauvre vieux globe.

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22/10/2007

Vous marcherez sur l'eau. Vous dormirez sur les nuages.

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Je la regardais comme si elle avait été un bonbon acidulé enveloppé dans son papier.

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Tu es obligée de t'ouvrir, il le faut, la communauté des vivants a besoin de ton bonheur. Tu dois le faire. Toutes les fleurs s'ouvrent quand le jour apparaît.

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Je n'arrête pas d'escalader. Je gravis la montagne depuis bientôt trente années mais le sommet s'éloigne à mesure que je m'élève. La montagne grandit elle aussi.

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Marc Berg, Marc la montagne.

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21/10/2007

Le ciel place sur ma route une nouvelle fée chaque semaine; il prend soin de ma guérison.

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Imaginez que vous vous apprêtez à sauter d'une montgolfière survolant l'océan, et l'océan est cette nouvelle femme.

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Je m'assois nu sur la moquette et c'est alors que des fleurs me poussent partout sur le corps : longues tiges et corolles grandes ouvertes; tulipes, roses, pivoines, lys, tournesols et jonquilles, coquelicots, orchidées, violettes et giroflées; voilà que je deviens un homme-jardin.

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Nous deux, et nous seuls, écrirons le livre du déroulement du monde.

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20/10/2007

Dieu ne la lâche pas d'une semelle, il veut veiller sur elle.

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J'aurais aussi bien pu mourir très jeune, à douze ou treize ans.

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N'oublie jamais que tes écrits sont vivants : ils renferment des héros de chair et de sang qui respirent exactement comme toi, et ils abritent aussi le feu de ta pensée. Tu ne peux pas les abandonner. Tu dois les relire et les réécrire, toujours retravailler.

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Pierre à pierre ils construisent une tour immense qui sera un pont vers les autres planètes.

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19/10/2007

La nuit je dors à l'intérieur d'une rose.

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Quand il allonge le bras devant lui, le paysage se rapproche lentement à la façon d'un décor installé sur roulettes. On jurerait qu'un aimant caché en lui, tracte l'horizon jusqu'à le coller sur sa paume.

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Vous croyiez que tout allait bien et que vous contrôliez la situation, mais vous avancez en fait sur un faux plat et la pente vous fait imperceptiblement glisser. La vallée verte tout en bas vous attire malgré tous vos efforts, rien à faire.

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Tu existes.

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18/10/2007

Des gens entrent dans ma tête sans frapper, ils s'asseyent, restent là à me regarder en silence, puis repartent au bout d'une demi-heure. Ils s'installent chez moi, dans les fauteuils de mon cerveau, ils ne se gênent pas.

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Elle t'a fragmenté l'esprit.

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La littérature passe son bras sous mon bras et me propose de faire quelques pas avec elle.

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Une jeune inconnue blonde plantait sur moi des centaines d'aiguilles sucrées.

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17/10/2007

Ce qui coule dans tes veines, ce n'est pas du sang, mais des sourires de femmes. Qu'une nouvelle déesse apparaisse et c'est comme si tes bras, tes jambes, tes poumons, ton coeur, devenaient brûlants à t'en faire rougir la peau.

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Il les embrasse derrière l'oreille, il leur communique en silence les phrases magiques qui déverrouillent les corps.

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J'ai déjà oublié l'homme que j'étais hier.

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La littérature constitue mon système de protection ultime, l'armure qui épouse mon corps. les phrases que je lis, et plus encore celles que j'écris, sont pour ainsi dire ma deuxième peau, mais plus résistante que la pierre.

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Enrobez-nous de miel, s'il vous plaît.

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16/10/2007

Tu as quarante années d'archives intégrales à ta disposition : épluche-les pour trouver des techniques de combat.

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Ton art martial à toi, c'est la lutte d'ombres.

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Son silence vaut aveu.

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J'ai perdu l'eau, le feu, la terre, les arbres, et tous les animaux : j'ai perdu celle que j'aimais. Après ça, il peut bien m'arriver n'importe quoi, je suis blasé.

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Je suis deux, voire quatre, en moi qui se battent entre eux pour se tuer.

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15/10/2007

Tu flottes entre deux eaux et tu voudrais que ce moment dure toujours, à égale distance de l'Amérique et de l'Europe, au beau milieu de l'océan, entre le ciel et le crépuscule, ni dans la vie ni dans la mort.

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J'ai hâte d'entrer dans l'hiver pour me transformer en glaçon.

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La rage de ceux qui sont enfermés dans la prison de leur corps et qui ne parviennent pas à faire sauter les grilles.

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Ne pas s'épuiser inutilement contre les barreaux, ne pas se blesser; plutôt penser, se souvenir de Sade, emprisonné à la Bastille sur les ordres de sa belle-mère, et écrivant les 120 journées de Sodome pour se venger.

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Je referai le même geste, dix fois, vingt fois, cent fois s'il le faut, car je sais que ma place d'homme juste est ici.

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14/10/2007

Je ne sais plus résister seul. Sans elle, je ne sais plus parer les coups.

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Regarde, je souffle doucement dans mes paumes et tous les autres êtres humains disparaissent immédiatement, à l'exception de toi et des quelques personnes qui t'aiment d'amour.

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De plus en plus souvent maintenant, mon corps quitte mon corps et s'élève au-dessus de lui-même, et il le voit qui marche, qui va et vient, qui parle, comme si tout était normal.

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Personne ne croira le quart de ce que j'ai écrit, Dieu merci. Merci.

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13/10/2007

Les étoiles ce soir sont capricieuses, elles désobéissent. Elles cherchent à couper les liens qui les rattachent à moi. Elles aimeraient s'amputer pour partir errer seules.

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Souviens-toi de jadis, quand tu étais vivant.

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Les chaloupes ont deux rames, les avions ont deux ailes, les humains ont deux jambes. Ôtez l'une d'elles, ils périssent.

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Je suis cet Océan unique qui recouvre la surface de la Terre, encerclant les continents, s'insinuant en chacun d'eux par les fleuves et les rivières.

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C'est toi qui me sauveras et te sauveras en même temps.

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12/10/2007

Toutes les femmes sauf une.

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Certaines choses ne pourront être écrites que par moi. Je sais lesquelles.

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Une fois tu perds, une autre fois tu perds, jamais tu ne gagnes, comique de répétition délicieux, même toi tu en souris.

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Ma créance sur le monde vient d'augmenter.

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11/10/2007

J'ai un cerveau trop petit. Il n'a pas assez de souffle. Il ne peut saisir la réalité que par bribes. C'est pour ça que je n'ai pied à peu près nulle part dans ce monde-ci et que je coule.

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Imaginons la montagne la plus élevée et la pente la plus abrupte, avec nous au sommet, dont le désir est de parvenir en bas le plus vite possible. Il nous suffirait de plonger dans le vide la tête la première.

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Vous pouvez penser ce que vous voulez, ce globe est malléable, la réalité de la simple pâte à modeler.

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Vous étiez attablé à l'intérieur du paradis et vous ne le saviez pas. Ce n'est qu'une fois dehors que vous comprenez.

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10/10/2007

J'ai terriblement froid, et faim, et je suis seul comme à la création du monde.

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Tout vrai livre s'écrit en commençant par la fin. Quelques heures avant sa mort, l'écrivain trace enfin les premiers mots de son épopée.

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Comme si on m'avait volé mes yeux pendant mon sommeil : je me réveille et mes globes oculaires ont été remplacés par des balles de ping-pong, douleur morale insupportable.

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Le dieu des couleurs est descendu sur toi.

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09/10/2007

La femme que j'aime habite à l'intérieur de mon corps, de sorte que nous sommes dorénavant deux occupants dans cette maison.

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Le stylo se dresse subitement de lui-même et il peint ligne à ligne la plaine et ses prairies fertiles, allongeant des champs à l'ombre des nuages.

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Schéma courant du couple citadin : quand ils n'ont pas réussi à se faire jouir, ils choisissent de se faire souffrir.

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Il y a des gens qui se noient dans un verre d'eau.

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Les phrases sont-elles vivantes, oui ou non ?

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08/10/2007

Chaque nuit des gens essaient de me tuer, et chaque nuit je me redresse soudainement dans mon lit pour constater que je suis toujours vivant.

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Expression : « avoir des courants d'air dans la tête » (être un peu fou).

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En fin de journée, il a tellement travaillé que les lettres lui collent aux doigts.

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Regarde la lumière qui vient vers toi et rend ton corps de plus en plus léger et bientôt transparent comme s'il était en verre.

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07/10/2007

Ma récompense sera immense.

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Je dois retrouver les traces de ma vie d'antan. Je dois retrouver mes souvenirs.

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Elle portait toujours des vêtements merveilleux avec des couleurs impossibles volées aux arcs-en-ciel.

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Vous êtes le premier humain arrivé sur la planète Mars et qui parvient, inexplicablement, à respirer, marcher, survivre ici, malgré l'absence d'oxygène et le froid.

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Si tu ne t'accroches pas au dauphin qui t'escorte, tu couleras comme une pierre et ta vie sera perdue.

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06/10/2007

On voudrait pouvoir emmener dans l'Arche de Noé toutes les personnes qu'on aime.

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Plaignons les gens à qui il n'arrive jamais rien de compliqué ou d'intense. Pour notre part, nous sommes secoués comme le sable dans la tempête, mais nous ne nous ennuyons pas.

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Comme le sable dans la tempête.

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Le couple discutait de choses et d'autres quand un petit chat noir entra par la fenêtre et vint se frotter à leurs jambes.

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Les arbres font comme si les humains n'existaient pas, ils endossent leur pull-over de feu.

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Mon amour soutiendra ma patience.

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05/10/2007

Pour moi je n'ai pas peur, je suis déjà embaumé; c'est pour ceux qui m'entourent que je suis inquiet.

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Dieu est sans doute parti en congés.

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La vie c'est très rapide, une poignée d'heures et vous êtes déjà vieux. Ça ressemble à un sablier que personne ne retournera.

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La bonne réponse lui est chuchotée à l'oreille.

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04/10/2007

J'ai oublié l'emplacement de mon coeur à l'intérieur de mon corps. Trop d'émotions, ces derniers temps.

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C'est ta vie et tu n'as pas le droit à l'erreur; si tu te trompes, tu dévales la pente et ta chute sera sans fin. Heureusement, les anges gardiens veillent sur toi.

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Il aimerait à nouveau vivre au coeur de la forêt en compagnie de ses amis les écureuils et les biches.

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Mieux vaut périr parce qu'on a fait ce qui était juste, que survivre dans le mensonge.

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03/10/2007

Elle est ma protectrice. Appelez-là comme vous voulez.

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Quand on se retrouve privé d'oxygène, on se met à réfléchir très vite : un jour vaut un an.

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Ils n'avaient jamais pleuré ensemble.

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En moins de deux mois, c'est la seconde fois que je suis balayé comme un fétu de paille.

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02/10/2007

Vous savez bien que je n'existe pas.

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D'une main je tiens la vie, de l'autre main je tiens mes phrases.

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Les millions de voix qui se sont tues attendent que d'autres parlent pour elles.

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Personne ne peut résister à l'amour. Personne. Autant stopper le Yang-tseu-Kiang.

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01/10/2007

Le Ciel ne m'aime pas. Il oeuvre à mon malheur.

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Mais je suis grand maintenant, je sais me défendre, je connais le maniement des mots. Les mots sont mes amis; certains n'obéissent même qu'à moi.

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Bloque-toi une semaine, écris un bon livre, et tout ira mieux.

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Ta vie est entre tes mains.

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Orange, vert, azur, fuchsia, toutes les couleurs défilent devant vos yeux, toutes les couleurs mais plus aucune image. les monochromes ont tout remplacé. Vous avez été aveuglé.

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30/09/2007

Pourquoi crois-tu que le Ciel nous a donné des corps ? ce n'est pas pour les admirer; c'est pour jouer avec.

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Toute illuminée, rénovée, réorganisée, la ville nous faisait de l'oeil.

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Ma main ne tremble pas, je sais où je vais, et le bonheur m'habite.

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Vous êtes au soir de votre vie mais vous venez de gagner un ticket de résurrection. Votre version 2 va prendre le relais. Vous feriez bien d'attacher votre ceinture.

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29/09/2007

Des milliers d'yeux m'entourent et me regardent : la pièce en est remplie à ras bord, du sol au plafond.

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Le soir, disparaître sous les draps pour une nuit qui durera toute la vie.

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Cet homme possède une petite boîte magique, de forme cubique et grande comme la paume. Le soir, il la pose au pied de son lit et elle le protège de tout danger pendant qu'il dort.

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Les vraies preuves d'amour sont données en silence.

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28/09/2007

On court ! Le premier qui atteint l'océan a gagné.

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Vous êtes écrivain. Vous vous êtes disputé avec le livre que vous écriviez. Chacun voudrait une réconciliation, mais ni le texte ni vous, ne faites le premier pas.

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Nous irons aux champignons.

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Finalement, le boulot n'est pas si compliqué : il suffit de touiller le dictionnaire. Comme de l'écriture automatique, mais faite à la main.

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Je réalise alors que je ne sais pas monter à cheval.

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27/09/2007

Donne-moi la main et ne me lâche surtout pas, ça va te secouer mais tu verras que le voyage vaut le détour : une traversée de la galaxie à haute vitesse.

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Elle m'a offert une troisième jambe. Jusque là, je comptais les cinq doigts soudés à ma paume, et je ne voyais en face que deux bras plus deux jambes soudés à mon tronc.

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Le nihilisme contemporain essore les esprits faibles.

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Quelque chose est en train de tenter de me voler le secret que j'avais caché au milieu de mes livres. Je trouverai cette chose et je la réduirai en cendres.

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N'attaquez jamais un écrivain. Mieux vaut encore essayer de caresser un crotale.

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26/09/2007

Bienvenue dans le grand bain. Ici, vous n'avez plus pied; il vous faudra bien apprendre à nager. Ou alors vous coulerez.

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Tu as l'intuition de ton futur, tu sais qu'il te faudra passer par le chas d'une aiguille et tu sais que tu y parviendras.

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La voie de passage est si étroite.

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Donner de la voie. Hausser la voie.

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Mes mains bourgeonnent, en quelques secondes je vois les branches et les feuilles couvrir mes paumes, toute une forêt sur mes bras.

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25/09/2007

Solide comme le roc, plus stable qu'une montagne soudée aux profondeurs de la Terre, capable de résister à tout.

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Je suis Nitro, tu es Glycérine. Le monde va vaciller.

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En m'approchant de la maisonnette, je me retrouve devant un homme d'un certain âge, et que je reconnais parce que j'ai déjà vu sa photo chez elle. Sans se présenter, il m'interroge.

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Je crois qu'il me fait passer un examen : il veut savoir si je suis sincère et si je suis informé de tout. Ou alors, au contraire, il cherche seulement à comprendre pourquoi je m'intéresse à sa fille.

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Vous ne parvenez plus à ralentir. Vous ne pouvez plus vivre normalement, calmement, à l'abri de l'urgence des secondes qui pleuvent, de plus en plus nombreuses, de plus en plus serrées, orage qui s'apprête à tout submerger.

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24/09/2007

Une mystérieuse prise de judo a précipité mon corps au sol, le basculant par-dessus la hanche de cet adversaire invisible.

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Être désemparé (vient du mot emparer : "fortifier").

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Nous menons tous un combat de longue haleine contre la culpabilité et la peur.

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Même à deux cents kilomètres de distance, à leur insu ils font sans arrêt de la transmission de pensée.

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23/09/2007

Embrasse pour moi le bel océan.

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« Je te salue, vieil océan ! » (Lautréamont).

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Qui va lentement va sûrement, je ne cours pas aussi vite que mes confrères, mais mes jambes pratiquent le geste depuis des décennies et rien ni personne n'a le pouvoir de stopper ma progression.

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Vous regardez un film dans lequel les dingos, vêtus de costumes et de cravates, ont pris le pouvoir et décident de tout. Soudain, vous comprenez qu'en réalité vous regardez le journal télévisé français.

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Expression : « Il a tourné la carte » (il est devenu fou).

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En rêve, il pose ses lèvres sur ses lèvres.

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22/09/2007

Je ferai de toi un pays.

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Ils ne savent pas s'ils s'en sortiront à la fin.

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Nous buvions du sirop de menthe au goulot de la bouteille plastique, le vert descendait dans nos corps.

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La force du rire.

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Prouvons à deux que Dieu existe.

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21/09/2007

Le rêve est terminé, tu dois maintenant te lever, te laver, manger, et marcher.

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Avec moi, les éditeurs et les femmes sont pareils : tous sont persuadés que je n'existe pas, que je ne suis qu'une de leurs illusions.

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Il aura au moins réussi à léviter.

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J'ai bien envie de me mettre en vacances de moi-même durant un ou deux mois.

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20/09/2007

Il a appris à ne plus respirer que quelques jours par an, il peut demeurer en apnée, alors il s'est installé au fond d'une piscine, il vit dorénavant sous quatre mètres d'eau.

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Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'était l'amour, alors je lui disais imagine que tu puisses te déplacer à volonté dans l'Espace d'une étoile à une autre à la seule force de tes bras et de tes jambes, comme si tu nageais, allongée dans les champs d'astéroïdes.

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Elle refusait tout cela, tel un enfant qui ne voudrait pas apprendre à parler, je devais tout reprendre depuis le début, les voyelles, les consonnes, les syllabes et les sons.

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Toi aussi tu as été élue.

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Bien sûr, tu peux refuser ton cadeau. Mais certaines choses ne se refusent pas.

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J'aurais pu mourir vingt fois.

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Un livre dont la fin n'arrive jamais, qui créé sans cesse de nouvelles pages comme les arbres créent des feuilles.

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J'ai bonne confiance dans le pouvoir de mes mots. Ils valent bien mieux que moi.

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19/09/2007

J'ai traversé la cloture électrique sans rien sentir et sans une égratignure.

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Nous ne repartirons pas sans toi. Nous attendrons le temps qu'il faudra mais nous ne t'abandonnerons pas.

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Je me suis déjà cloné en secret deux ou trois fois pour stocker dans des enveloppes charnelles amies quelques tonnes de vieux souvenirs dont je ne voulais plus.

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« J'avais juste moi. C'est-à-dire un grand corps avec nous tous dedans » (Chloé Delaume).

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Quand tu étais petit, tout ce que tu voulais obtenir plus tard, c'étaient des milliers de filles. Au lieu de ça, tu as eu des milliers de mots. La vie est bizarre.

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18/09/2007

Tu es la Reine parce que tu te bats pour vivre, d'une façon dont aucun de nous n'est capable.

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Je marche dans le vide au-dessus du précipice. Mais puisque je ne le sais pas, je ne tombe pas.

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À cette époque-là, j'avais un corps sur lequel tout glissait.

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Je suis composé de femmes comme l'Univers est composé d'hydrogène.

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Il retourne les cartes à jouer et au dos de chacune il trouve un as : tout un jeu composé des quatre mêmes cartes.

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17/09/2007

Je suis encore là.

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Je la sauverai malgré elle et malgré tout.

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La nuit était sans lune, sans étoile, elle était noire comme un cauchemar.

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Vous êtes en train de vous débattre avec le plus passionnant casse-tête chinois qu'il vous ait jamais été donné d'essayer.

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Votre vie est ce casse-tête chinois.

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Dès qu'il effleure son corps, une musique spéciale sort du ciel.

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Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le au moins pour toi.

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16/09/2007

Personne ne sait d'où je viens et depuis quand je marche. Ils sont comme les astronomes des premiers siècles qui avaient la certitude que la Terre était le centre de l'Univers et que le Soleil tournait autour d'elle.

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Entendu à la télévision : « Même si beaucoup de choses ont changé, d'autres demeurent intactes ».

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Le monde de l'Art a besoin de sa présence future et j'ai un rôle à jouer là-dedans.

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Au bout d'un moment, on n'est plus capable que d'une seule chose : retirer ses vêtements, se glisser sous les draps, et sombrer dans le sommeil.

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15/09/2007

Depuis dix ans, je coure à toutes jambes pour m'enfuir. Maintenant, nous sommes deux à courir.

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Ta raison de vivre. L'aboutissement de toutes tes pensées secrètes, que tu le veuilles ou non.

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Il connaît trop bien le ciel et son soleil, ils l'ont lassé.

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Ce sentiment était si fort qu'il a traversé la galaxie de part en part, telle une boule de feu frôlant les planètes, perçant la nuit spatiale à la vitesse de la lumière.

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14/09/2007

C'était à peine croyable, encore pire que dans un rêve : chacun de nous saisissait le livre à tour de rôle et lisait à voix haute, pour l'autre, les poésies de Paul Éluard. Sur le banc à l'ombre des grands arbres.

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Les marronniers ont des oreilles.

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Des dizaines de personnes ont déjà réussi à traverser la Manche à la nage. C'est faisable.

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Chaque soir on s'endort comme on meurt, comme si on ne devait jamais rouvrir les yeux.

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13/09/2007

Nous nous ressemblons tellement. Moi c'est toi, et toi c'est moi.

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(En tant qu'auteur) Je ne suis pas seulement un OVNI : même parmi les autres OVNI je suis encore un OVNI.

*

Ils n'ont pas le choix, ils doivent forer des ouvertures à droite et à gauche, au-dessus et au-dessous : que l'air circule, que de nouveaux personnages puissent entrer dans le débat de leurs âmes.

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Il te suffit de tourner la clé pour actionner la serrure et pivoter la porte. Simple comme bonjour !

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Je suis un homme sans tête.

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12/09/2007

Qu'est-ce que je vais devenir, à présent ?

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Je parle à un mur.

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Un autre corps, différent, entièrement constitué de gouttelettes de rire.

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Expression : « Aujourd'hui moins qu'hier, et bien plus que demain ».

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Tu devras la porter dans les bras sur des centaines de mètres.

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11/09/2007

Il faudra me passer sur le corps, et le cas échéant il faudra ensuite soutenir la longue vengeance de mes alliés.

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Lentement, très lentement, je parviens à faire bouger l'axe de la Terre.

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Écrivain à perpétuité.

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Nous allons nous mettre à plusieurs et nous allons l'extraire de ce lieu de perdition.

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10/09/2007

C'est dans ces moments-là, où tu te sens si dispersé, que tu dois solidifier ton corps et devenir dur comme du diamant.

*

Le monde ne sait pas qu'il existe, toi si.

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Toi, un roseau ? plutôt une montagne ! l'Everest, et vivant, et pensant.

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À la façon des faisceaux divins rayant les toiles saintes de la Renaissance, des fils d'or descendent du ciel, reliant chaque étoile à une partie de son corps, "celui-ci est notre homme".

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L'Union fait la force.

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09/09/2007

Tu es sous la protection de forces très puissantes : un des immortels de l'Olympe est tombé amoureux de toi.

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Plus les obstacles deviennent élevés, plus je parviens à sauter haut.

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Les montagnes s'inclineront devant ta beauté, et ton intelligence fera s'évanouir de stupeur les plus grands philosophes.

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Nobody knows. Personne ne peut savoir. Le pire arrive rarement. Le pire n'arrive presque jamais. Nous travaillons jour et nuit au meilleur. Et nous sommes des vrais professionnels.

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Dieu m'a tendu la main.

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Les flots de l'océan danseront pour toi.

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08/09/2007

Enfin, un jour, tu retrouveras la lucidité dilettante.

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La retenue de mots accumulée depuis tant d'années va bientôt devenir trop lourde pour le remblai de béton, et le barrage cédera, et le monde sera submergé et modifié par toutes ces phrases en liberté.

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Les pierres les plus grosses pourront voler, les arbres sauront parler, certains hommes et certaines femmes parviendront, quelques jours par an, à changer de temps à volonté.

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Reliés l'un à l'autre d'une façon qui défie la raison.

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07/09/2007

Ce carnet, c'est ma deuxième maison.

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Imitons les oiseaux migrateurs : posons-nous sur les fils électriques pour nous reposer quelques heures avant de reprendre la route.

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Il pose un pied devant l'autre et tous les gens le regardent marcher. Il n'a pas le droit de tomber.

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Elle m'a donné les clefs de mon corps.

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06/09/2007

Les animaux de la forêt se languissent de sa voix.

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Ce paradis est une prison dorée. Tu as passé vingt années en prison.

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Chaque fois qu'il doit faire un choix, il fait le mauvais choix. Invariablement.

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Expression : « ce type est azimuté » (ce type a perdu sa boussole, il est devenu fou).

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J'aimais cette vie dans laquelle chaque jour une petite pierre s'ajoutait sur une autre pierre; nous avancions à petits pas mais nous ne cessions pas d'avancer.

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05/09/2007

J'avais des fraises dans la bouche du matin au soir.

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Je me souviens parfaitement, je suis devenu ivre sans avoir rien bu et je n'ai pas dessaoulé pendant vingt-quatre heures, et j'ai pensé à elle tout le temps alors que je ne connaissais rien d'autre que son prénom.

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Le Ciel est en train de refermer le grand livre.

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Si tu maîtrises le langage, si tu sais diriger les mots, s'ils sont tes alliés, alors tu seras libre.

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J'ai toujours considéré que les psychiatres menaient un combat personnel contre Marc Pautrel.

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04/09/2007

Elle me plonge la tête sous l'eau et la ressort en riant.

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Mille fois de suite mon cadavre se redresse, mon corps revient à lui et je marche à nouveau, je vis une nouvelle fois.

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La porte s'entrouvrira un dixième de seconde et il faudra bondir pour se glisser dans un souffle.

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Pendant que nos deux esprits vaquent à leurs occupations, nos deux corps se rejoignent en cachette.

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03/09/2007

Ma soudaine vulnérabilité me créé un bouclier.

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Comme pendu par les pieds, incapable de se sauver et de la sauver.

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Dieu a entendu ton appel.

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Tu deviendras une fleur géante, une fleur inconnue comme il n'en avait jamais existé nulle part.

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02/09/2007

Ton image fait partie de moi.

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À cette seconde précise, j'ai vraiment cru qu'on venait de me poignarder et que la vie quittait mon corps.

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Maintenant, il faut trouver encore d'autres alliés, encore d'autres appuis.

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Venues du fond des âges, des millions d'âmes pensent à vous. Vos morts ne vous oublient pas.

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Ce moment sera doux comme le parfum des tilleuls au printemps.

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01/09/2007

Nous n'avons pas creusé assez profond. L'eau était là, sous nos pieds.

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Rappelle-toi quand tu m'as rencontré : tu ne voulais parler à personne d'autre qu'à moi, tu faisais la tête à tout le monde mais à moi tu souriais comme si Dieu avait logé dans ton corps.

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Personne n'est capable de vérifier ses souvenirs.

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Même si tout s'arrêtait d'un coup, une chose continuerait toujours : les mots et les phrases qu'ils composent.

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Un jour tout ce cirque prendra fin, et je pourrai vivre sereinement, incognito dans le secret des villes.

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Suite du Carnet...


 
Ce texte est une oeuvre de fiction. Toute ressemblance
avec des personnages ou des faits réels
serait donc le fruit du hasard.
Ce texte est
© Marc Pautrel